de la Famille des Cités d'Or

de la Famille des Cités d'Or Eurasier

Eurasier

« Ce jour-là… à quoi pense le chiot ? »

 

Écoutez l’histoire du chiot que l’humain de compagnie va chercher à l’élevage. Aujourd’hui, c’est le grand jour. Il prend la route avec son automobile pour aller chercher son chiot de huit semaines.

 

L’humain se gare dans la cour de l’élevage et il vient nous voir. Nous sommes neuf chiots dans la portée, auprès de notre maman, tous curieux de voir cet humain que nous n’avons jamais rencontré. L’humain nous regarde, nous observe, il fait son choix. Tout à coup, il me prend dans ses bras et se rend dans le bureau de l’éleveur pour faire tous les papiers. Mes frères, mes sœurs et ma maman m’appellent, je ne suis plus là et ce n’est pas normal. Mais je ne peux pas retourner avec eux. Je me sens déposé dans la voiture qui démarre pour m’emmener vers une nouvelle vie. Je suis seul, sans mes frères et sœurs, sans ma mère, sans la sécurité de l’éleveur et du lieu de l’élevage, sans tout ce qui est rassurant et sécurisant pour moi. Cet humain est pour moi un inconnu, il ne représente pas encore une figure d’attachement et de sécurité. Et puis, la seule fois où on m’a emmené en voiture, c’était pour aller chez le vétérinaire. J’y ai reçu un vaccin, j’ai eu peur, j’ai eu mal, j’y ai senti des odeurs inquiétantes. Ma mémoire associative se met en route. Me ramène-t-on là-bas ? Je pleure et j’appelle à l’aide ! La voiture s’arrête et l’humain me met un collier autour du cou et une laisse de 90 centimètres, c’est tellement court 90 centimètres ! Il me pose dans l’herbe pour une pause hygiénique. Je n’ai jamais porté de collier, ça me gêne, alors je ne cesse de me gratter. L’humain veut me faire marcher, mais, moi, j’ai besoin de m’asseoir le temps de prendre les informations de l’environnement. L’humain, qui ne comprend pas, tire sur la laisse, je refuse d’avancer et je tire à l’opposé. L’humain a terminé sa pause, je suis remis dans la voiture. Oh non ! Pas encore ! Je suis malade et j’ai peur ! Encore 100 kilomètres et nous voilà arrivés. L’humain me prend dans ses bras pour descendre de la voiture, nous rentrons dans un bâtiment inconnu puis dans un ascenseur. Comme j’ai peur ! Je tremble, je ne connais rien de ce que je suis en train de vivre. L’humain ouvre la porte de son appartement et il me pose au sol. Mais… mais… C’est un sol brillant, lisse et glissant comme du marbre. Je ne connais que la terre de la courette de mon élevage et le béton de mon box, rien d’autre, comment marche-t-on là-dessus ? Si seulement ma famille canine était là, elle me montrerait. Et puis, je n’en peux plus, je me soulage en urinant, ma vessie était pleine et j’ai eu tellement d’émotions en quelques heures. L’humain est fâché, il me dit un « non » ferme avec un doigt pointé, parce que je me suis soulagé à cet endroit, mais je ne pouvais pas faire autrement, tout cela, c’était trop pour moi. Ce soir, je dormirai seul dans la cuisine, avec la porte fermée, car c’est ce que l’on a conseillé à mon humain pour mon « éducation ». Je vais tellement pleurer, appeler, si vous saviez ma détresse… Quelqu’un peut-il me ramener à ce que je connais, à mon élevage où il y avait ma fratrie et ma maman, où je me sentais en totale sécurité ?

Avec le temps, je m’adapterai à cette nouvelle vie, je m’attacherai à mon humain de compagnie, je l’observerai, je chercherai à lui faire plaisir, j’apprendrai ce qui est permis et ce qui est interdit, mais ce ne sera pas sans mal. Car pour le moment, mon humain de compagnie, celui à qui je dois apprendre à faire confiance, a l’air perdu dans tous les conseils qui lui sont donnés !

Et si nous pensions le chien autrement et avec bienveillance ?

 

Auteure - Sandrine Nataf-Otsmane



Educateur canin diplômée d'état et Comportementaliste chien et chat



Elevage de la famille des cités d'or





Le développement comportemental des chiots est essentiel. Je vais donc prendre en compte le maximum de paramètres grâce  à mes connaissances éthologiques actualisées.